Le Conseil régional de l’Ordre des masseurs-kinésithérapeutes d’Île-de-France a élaboré une contribution aux réflexions menées actuellement dans le cadre du « Ségur de la santé » tant par la profession – et tout particulièrement sous l’impulsion du Conseil national de l’Ordre – que par l’Agence régionale de santé d’Île-de-France.

Sans titre-1Faisant le constat que la démarche de concertation menée par le Gouvernement est essentiellement axée sur les problématiques de l’hôpital, notre Conseil a mené principalement ses réflexions sur la kinésithérapie salariée et les réflexions suivantes trouveront place au sein du pilier 1 du « Ségur » intitulé « Transformer les métiers et revaloriser ceux qui soignent ».

La kinésithérapie salariée est en souffrance, principalement au sein des établissements publics, mais la question de la rémunération n’explique pas à elle-seule la situation de la profession dans les hôpitaux ni ses difficultés ressenties au cours la crise sanitaire.

Tout au moins dans notre région, cette dernière a démontré l’insuffisance de formation hospitalière en particulier là où la situation sanitaire en exigeait le besoin, c’est-à-dire au sein des services de réanimation, des soins intensifs ou au sein d’unités « Covid » temporaires. Il s’agit là de lieux où la formation continue permanente est tout aussi cruciale que la formation initiale. Il s’agit donc également de lieux où le « nomadisme » professionnel n’est pas sans conséquences quant à la transmission des savoir-faire.

Cette transmission est rendue d’autant plus difficile que l’encadrement de la profession au sein des établissements publics a été transformé à la faveur de l’abandon du monitorat-cadre au profit des cadres de santé qui, tout au moins à l’Assistance publique – Hôpitaux de Paris, ont une mission plus centrée sur la gestion administrative et doivent renoncer à une gestion médico-kinésithérapique.

Cette transmission est également dégradée par les conséquences des transformations de la formation initiale en kinésithérapie et qui revêt désormais une forme de moins en moins hospitalière alors même qu’elle ne l’était qu’exclusivement il y a encore 20 ans. Ainsi, de nombreux professionnels peuvent ne disposer d’aucune expérience hospitalière alors que le propre de la gestion de crise exige de mobiliser dans l’urgence de savoir-faire qui touchent aux domaines de la réanimation ou des soins intensifs mais également des spécialités médicales complexes tels que la pneumologie ou la neurologie ou encore des savoirs divers qui ne s’acquièrent qu’au sein de structures ou au contact de prises en charge complexes comme c’est le cas de l’hygiène hospitalière.

C’est ainsi que notre Conseil estime crucial de replacer la kinésithérapie au sein des établissements de santé, tant à travers la formation initiale, l’encadrement, tourné vers l’exercice, que la formation continue qui se doit d’être qualifiante et diplômante.

Cette transformation de la place de la kinésithérapie en établissement, et à l’hôpital en particulier, nous apparaît indispensable : terreau d’une meilleure réponse aux besoins des usagers et des établissements eux-mêmes, elle pourrait également être le terreau, par une meilleure reconnaissance, d’une rémunération en adéquation avec l’apport professionnel au système de santé et emporterait dans son sillage, l’ensemble de la profession, indépendamment des modes d’exercice, comme il fût le cas par le passé. Une formation initiale rénovée qui retrouverait une prépondérance des prises en charge en établissement conduirait les professionnels choisissant majoritairement un exercice libéral, d’être plus facilement en capacité, lors de situations de crise sanitaire telle que nous venons de connaître, d’intégrer les services des établissements ou des unités temporaires dédiées à la gestion de crise.